Symphonic concerts

Diapason, 13. June 2017
Il est des chefs mésestimés du grand public, mais appréciés des connaisseurs pour leur haute culture. Hartmut Haenchen est l'un d'eux, que Paris a entendu notamment dans un Parsifal et un Capriccio mémorables, à Bastille comme à Garnier. On se souvient aussi d'une Elektra donnée à la Halle aux Grains à Toulouse, où l'orchestre l'applaudit comme un seul homme à l'issue de la première. ...
Ce qui frappe dans la battue claire et précise de Hartmut Haenchen, c'est le souci constant, quasi chambriste, de la respiration, le soin mis à varier influx, climats et éclairages tout au long des six Lieder. Mettant en valeur les sources populaires si présentes chez le compositeur, le chef saxon inscrit le Chant dans une histoire ancienne qui se souvient (dans telle couleur, inflexion, respiration...) des autres grands cycles de Lieder mahlériens. Il n'oublie pas non plus les reflets orientalisants de l'orchestration. Et il veille clairement à ne pas séparer Der Abschied des cinq numéros qui le précèdent, en dépit de son ampleur hors-norme : le tempo est volontiers allant, les sections là encore différenciées avec netteté. Le recueillement, réel, n'est alourdi par aucun pathos funèbre.
Haenchen parvient à ses fins par un travail très précis sur l'articulation, les enchaînements, les jeux instrumentaux, et une exigence certaine quant aux dynamiques. Le souci d'un jeu piano est un défi dans l'acoustique de la Basilique de Saint-Denis ; à la tête d'un Orchestre National lyrique, discipliné et attentif, soucieux de répondre à ce geste si incitatif, il a pour vertu de faire entendre les parties de bois et cuivres avec plus de clarté qu'usuellement. Elles sont mémorables, tant instrumentalement qu'au regard de l'enjeu expressif et poétique ...
Rémy Louis
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