Opern

http://operachroniques.com, 09. März 2008
http://operachroniques.com, 8.3.2008

A cette mise en scène exceptionnelle de théâtre, d’humanité, de profondeur, répond un orchestre idéal, coloré et allant, d’une grande richesse d’articulation et de sonorités. Hartmut Haenchen revisite la partition de manière étonnante. La variation continue de tempo, le cisèlement des motifs, la clarté absolue des pupitres, l’énergie allante, les couleurs épatantes, tout concourt à faire de cette direction d’orchestre cursive un motif d’émerveillement permanent. Sans grandiloquence aucune, privilégiant systématiquement la musicalité immédiate à une architecture implacable, Haenchen exalte le lyrisme délicat de la partition avec un rare bonheur. Le chef d’orchestre avait annoncé son souhait de revisiter la partition en en retravaillant tempi, phrasés et articulations : essai transformé, et avec quelle réussite, pour une lecture très personnelle qui ne ressemble à aucune autre entendue dans cet ouvrage. Et que l’on n’est pas près d’oublier de sitôt. Ce travail n'est pas sans rappeler celui de Pierre Boulez pour la transparence générale, le lyrisme sans appui excessif, la finesse de la composition des timbres. Là où Boulez projetait l'oeuvre dans le vingtième siècle, Haenchen livre une lecture stylistiquement sans doute plus proche des intentions du compositeur, débarrassée de toute langueur indigeste, et qui n'est pas sans rappeler les témoignages wagnériens d'un Richard Strauss ou d'un Karl Elmendorff. Après une Salomé irrégulière mais prometteuse et un Capriccio souverain, Hartmut Haenchen s’affirme progressivement à chacune de ses apparitions parisiennes comme une des toutes meilleures baguettes de sa génération.