Opern

http://www.resmusica.com, 22. September 2009
http://www.resmusica.com; 22.9.2009

Ouverture palote à l’ONP, après une Mireille étrillée par les confrères, la reprise de la production Marthaler de Wozzeck – un héritage de la période Mortier – souffre d’une distribution déséquilibrée.

En effet, Vincent Le Texier est un Wozzeck honnête, bon acteur, qui a compris le rôle. Une prestation qui ne démérite pas, mais la voix ne suit pas toujours, l’émission est raide dans les aigus, la fatigue se fait sentir le long des actes. Il faut pouvoir succéder à Simon Keenlyside dans la même production... De même pour Waltraud Meier, actrice formidable, Marie tout à la fois vénale et repentante. Mais les aigus sont criards et la projection trop courte (l’orchestre la couvre plus d’une fois). Tout simplement Wozzeck et baryton, Marie soprano, et la distribution avait prévu un baryton-basse et une mezzo-soprano... Or c’est tout de même l’ouverture de la saison à Bastille qui se jouait ce soir-là !

Le reste n’appelle que des éloges : Kurt Rydl est un vieux routier du rôle du Docteur pervers, Andreas Conrad un Capitaine cynique à souhait aux aigus insolents, ravissant presque la vedette à l’excellent Stephan Margita en Tambour-Major. Signalons aussi Ursula Hesse von den Steinen, qui domine toujours autant le plateau dans le court rôle de Margret. Enfin parmi les seconds couteaux, retenons le Premier compagnon de Scott Wilde et le Fou de François Piolino. L’orchestre, véritable protagoniste, est chauffé à blanc par Hartmut Haenchen, livrant une lecture incisive à souhait, haletante, et toujours respectueuse de l’équilibre fosse / plateau.
La mise en scène de Christoph Marthaler reste toujours aussi efficace. Quelques menus changements sont opérés ça et là, soulignant un peu plus la névrose du personnage principal (schizophrène ? autiste ? homosexuel refoulé ?) dans cet unique décors de cantine de caserne. Une production majeure de l’Opéra National de Paris, qui, espérons le sincèrement, reviendra souvent dans les saisons à venir.
Maxime Kaprielian