Opern

http://www.altamusica.com, 05. Mai 2010
Leçon de théâtre orchestral

Magnifique leçon d’orchestre pour cette reprise toulousaine d’Elektra confiée à des voix plutôt légères. Si la mise en scène de Nicolas Joel, privée d’un rôle-titre brûlant les planches, s’avère proche du néant, le spectacle a lieu dans la fosse, où un Hartmut Haenchen à son meilleur transcende le second opéra noir de Strauss.
Le spectacle, comme si souvent avant la réintroduction du théâtre à l’opéra, a donc lieu dans la fosse, où l’œil finit par s’attarder plus que de raison. Hartmut Haenchen, dont on n’aime guère les Wagner tarabiscotés mais qu’on a toujours encensé dans Strauss, livre une Elektra exemplaire : vive, coupante, n’ayant peur ni des grands éclats, assumés jusqu’à un superbe cataclysme final, ni de la modulation de la dynamique, dans une variété de textures, une malléabilité de la pâte sonore, un panel de micro-nuances qui évitent toute saturation.

Le chef allemand dirige droit, analytique, sans complaisance agogique, en rendant justice aux trouvailles d’une partition à la richesse inépuisable sans la cantonner au matraquage ni la dénaturer par trop de précaution. L’Orchestre du Capitole se couvre de gloire par ses cordes d’une belle tension, ses bois caractérisés, ses cuivres souverains – l’équilibre des tuben – et sa percussion en éclats tantôt rageurs tantôt subtils.
Le public ne s’y trompe pas, réservant au chef, que les musiciens acclament de la même manière, la plus belle ovation de la soirée.
Yannick Millon