Sinfoniekonzerte

http://www.resmusica.com, 26. Mai 2010
L’Orchestre de Paris présentait lors de cette soirée trois compositeurs de styles – et d’époques – différents. Cependant, les œuvres jouées, consciencieusement choisies, se faisaient écho les unes les autres, donnant un sens et une saveur particuliers au programme.

Dans la première pièce, un poème symphonique de Bohuslav Martinů, composé en souvenir du village tchèque de Lidice, rasé durant la Seconde Guerre Mondiale, l’orchestre de Paris s’est montré uni et émouvant. L’œuvre reprend d’ailleurs les premières notes de la Symphonie du Destin de Beethoven, présentée en deuxième partie de soirée. Néanmoins, le résultat apparaît mitigé : le jeu des cordes fut souvent trop sec, trop abrupt, pour véritablement porter l’œuvre comme il aurait pu le faire. Hartmut Haenchen a tout de même tenté, de par sa conduite expansive, d’apporter à cette œuvre principalement harmonique la profondeur dont elle a besoin pour nous offrir tout ce qu’elle détient.

Puis, le Concerto pour alto et orchestre d’Alfred Schnittke, qui rompt totalement avec l’ambiance induite par Lidice. Dans ce morceau contrasté – présentant de plus des styles très variés, allant du néo-classique langoureux jusqu’au contemporain abstrait – l’altiste Tabea Zimmermann fait montre de toutes ses qualités. La technique, le son, le cœur et l’âme y sont, que ce soit dans des passages violents, où l’alto semble courir, voire fuir l’orchestre, ou dans la rêverie presque classique du deuxième mouvement, que les accords de clavecin, de célesta et de cloches tubulaires transforment peu à peu en cauchemar. L’alto, toujours présent mais jamais supplanté par l’orchestre dans une partition où il joue presque en permanence, dialogue également avec de nombreux instruments, jusqu’à la fin du morceau où la musique s’éteint dans une mort lente et amère.

Pour terminer, la Symphonie n°5, de Ludwig van Beethoven, qu’on ne présente plus. L’interprétation fut assez satisfaisante, mais malheureusement les cordes y ont retrouvé les travers de Lidice qu’elles avaient momentanément oublié dans le Concerto pour alto : leur jeu manquait de clarté, de netteté, en particulier dans les premier et troisième mouvements, ce qui a porté un léger ombrage à l’esprit de l’œuvre, malgré la direction alors presque grandiloquente de Hartmut Haenchen. Dans le deuxième mouvement, ainsi qu’à la fin, plus mozartienne, du morceau, les cordes et l’orchestre en général sont apparus plus à leur aise.
Romain Paulino