Sinfoniekonzerte

www.concertonet.com, 09. April 2018
Le Mahler douloureux de Hartmut Haenchen
Rien de plus passionnant que d’entendre, un mois après Daniel Harding, Hartmut Haenchen dans la Neuvième Symphonie de Mahler – il remplace Myung-Whun Chung. Tous les deux partagent le goût de la transparence polyphonique et le refus de l’épaisseur. Mais l’Allemand va sans doute plus loin, avec une conduite encore plus unitaire du discours. Si son Andante comodo annonce Schoenberg, ce pourrait être déjà celui des Variations opus 31. Et l’on y perçoit une émotion que l’Anglais ne libérait que pour un lumineux Adagio final. Chez Haenchen, le premier mouvement baigne déjà dans une atmosphère de noirceur désespérée: direction plus visionnaire, plus mahlérienne – du moins si l’on associe Mahler, surtout celui-là, à un certain expressionnisme. Le Ländler trahit déjà, au-delà du trois temps faussement bonhomme de la danse paysanne, une ironie qui deviendra grinçante dans le Rondo-Burleske, remarquablement construit, dont la direction met les arêtes à vif – ces mouvements centraux constituaient le point faible de Harding, sans doute parce qu’il lorgnait plutôt vers la musique pure. Il jetait une clarté apollinienne sur l’Adagio, Haenchen y privilégie le clair-obscur, comme si la douleur restait latente, ce qui le rend plus poignant encore. La différence entre les deux approches tient finalement à leur rapport à une tradition dont Haenchen se veut l’héritier – il a consulté la partition annotée de Willem Mengelberg. L’orchestre, magnifique, sonne plus allemand ici que l’Orchestre de Paris, auquel il n’a rien à envier ... L’homogénéité des cordes, la rondeur des vents, avec des solistes qui se surpassent, sont celles des très grands soirs.
Didier van Moere
Ganze Rezension
www.concertonet.com, 29. März 2018
Le Mahler douloureux de Hartmut Haenchen

Rien de plus passionnant que d’entendre, un mois après Daniel Harding, Hartmut Haenchen dans la Neuvième Symphonie de Mahler – il remplace Myung-Whun Chung. Tous les deux partagent le goût de la transparence polyphonique et le refus de l’épaisseur. Mais l’Allemand va sans doute plus loin, avec une conduite encore plus unitaire du discours. Si son Andante comodo annonce Schoenberg, ce pourrait être déjà celui des Variations opus 31. Et l’on y perçoit une émotion que l’Anglais ne libérait que pour un lumineux Adagio final. Chez Haenchen, le premier mouvement baigne déjà dans une atmosphère de noirceur désespérée : direction plus visionnaire, plus mahlérienne – du moins si l’on associe Mahler, surtout celui-là, à un certain expressionnisme. Le Ländler trahit déjà, au-delà du trois temps faussement bonhomme de la danse paysanne, une ironie qui deviendra grinçante dans le Rondo-Burleske, remarquablement construit, dont la direction met les arêtes à vif – ces mouvements centraux constituaient le point faible de Harding, sans doute parce qu’il lorgnait plutôt vers la musique pure. Il jetait une clarté apollinienne sur l’Adagio, Haenchen y privilégie le clair-obscur, comme si la douleur restait latente, ce qui le rend plus poignant encore. La différence entre les deux approches tient finalement à leur rapport à une tradition dont Haenchen se veut l’héritier – il a consulté la partition annotée de Willem Mengelberg. L’orchestre, magnifique, sonne plus allemand ici que l’Orchestre de Paris, auquel il n’a rien à envier – le premier violon est d’ailleurs ce soir Kai Vogler, Konzertmeister de la Staatskapelle de Dresde. L’homogénéité des cordes, la rondeur des vents, avec des solistes qui se surpassent, sont celles des très grands soirs.

Didier van Moere

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