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www.classiquenews.com, 22. November 2012
www.classiquenews.com, 22. November 2012

Le Ring Amstellodamois version 1999 par le duo Audi et Haenchen fait montre de l'excellente santé symphonique de l'orchestre de l'Opéra néerlandais d'Amsterdam (De Nederlandse Opera): la fougue et le feu du chef se révèlent puissamment dramatiques, jusque dans les scènes d'introspection plus nuancées: c'est évidemment le point fort de cette production lyrique. Prenez par exemple le meilleur volet du cycle, la Walkyrie, portée par Jeannine Altmeyer, plus qu'honnête; comme la Sieglinde de Nadine Secunde... les hommes sont moins convaincans: timoré, pointilleux et fragile (le Siegmund de John Keyes); un peu frêle (John Bröcheler en Wotan... quoique très poignant en dieu humanisé et défait au moment de l'adieu à Brünnhilde)...
La début du III est un volcan somptueusement enflammé par le chef auquel succède le duo si bouleversant entre le dieu trahi et sa fille habitée par la compassion humaine...
La mise en scène de Pierre Audi est très datée année 1999, marquée par un pseudo modernisme japonisant, bien peu esthétique finalement, quoique parfois très efficace: le choeur des 8 Walkyries au début du III (mi abeilles guerrières mi séraphins affublés d'une paire d'ailes fixes argentées), bientôt rejointes par leur 9è sœur, la brave et traîtresse à son père: Brünnhilde.
La vedette reste vocalement le percutant et terrifiant Hunding de Kurt Rydl: œil noir et silhouette de corbeau du samouraï prêt à rugir et à bondir. Le plateau circulaire, avec l'orchestre à droite, conduit au coeur de l'action et les caméras, s'il n'étaient les micros parfois placés trop loin pour capter toutes les voix, renforcent l'immersion dans l'épopée wagnérienne.

Même commentaire majoritairement positif pour L'or du Rhin (avec déjà un Wotan trop court décidément)... Siegfried (tendu et sec Heinz Kruse) et Le Crépuscule des dieux sont de loin les plus faibles; dans le Crépuscule: fausses bonnes idées de costumes inspirés de la Guerre des étoiles; lenteur statique de la mise en scène (malgré le dernier tableau où Brunnhilde ivre d'amour rejoint Siegfried, sur son cheval Grane en un embrasement rouge sang réalisé par une immense nappe de soie carmin... ); plateau vocal déséquilibré où seuls s'imposent la justesse vocale et jamais braillarde de Jeannine Altmeyer (Brünnhilde) et le convaincant Kurt Rydl (Hagen)... indiquent une réalisation qui a ses limites. Heureusement, l'orchestre gronde, s'agite, impose sous la feu directionnel du très habité Hartmut Haenchen, un chant impétueux et toujours passionnant. Le chef est le vrai artisan de cette Tétralogie aux arguments divers.

Au final, voici une Tétralogie ambitieusement assumée avec un dispositif scénique original malgré ses partis visuels démodés; les enchaînements, la diversités des tableaux se réalisent sans trop d'aspérités; vocalement, la distribution reste trop moyenne pas assez investie d'autant que la direction de l'excellent Hartmut Haenchen à la fois épique et poétique, humaine et tragique, justifie largement l'achat de ce coffret wagnérien de 11 dvd.

Wagner: Der Ring des Nibelungen (1999, Audi, Haenchen). 11 dvd Opus Arte. OA 1094B D.
Ernst van Beek