16. Februar 2011 · Brussel, BOZAR, 20.00 Uhr
Gustav Mahler: Lieder aus "Des Knaben Wunderhorn": Verlorne Müh' (Humorseke);
Das himmlische Leben (Humoreske)(Erstfassung);
Das irdische Leben;
Urlicht (Manuskriptfassung von 1893 (EA);
Der Tamboursgsell (Ballade); Todtenfeier; Das klagende Lied (Erstfassung)
Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie;
Symfonieorkest en koor van de Munt
Gabriele Fontana (Sopran), Birgit Remmert (Alt), Jasons Collins (Tenor), Thomas Johannes Mayer (Bariton) und
Ilse Eerens und Hendrikje van Kerkhoven (Sopran);
Angelique Noldus und Margriet van Reisen (Alt);
Willem Vanderheyden, Vanderlinden (Tenor);
Sebastien Parotte und Friedemann Röhlig (Bass);
Pressestimmen
La veille de la dernière représentation de Parsifal, Hartmut Haenchen dirige l’Orchestre symphonique de la Monnaie dans une Salle Henry Le Bœuf pleine à craquer. Egalement à l’affiche mercredi dernier, ce concert s’inscrit dans le vaste cycle que le Bozar consacre à Mahler depuis la saison passée, double anniversaire oblige. Concentré sur les jeunes années du compositeur, le programme se distingue par sa générosité, sa cohérence et son originalité. La première partie paraît familière puisqu’elle débute par Todtenfeier (1888), poème symphonique contemporain de la Première Symphonie et qui allait devenir, moyennant quelques adaptations, le premier mouvement de la Deuxième. D’emblée, l’orchestre affiche des couleurs variées et une transparence élevée, ce qui permet d’apprécier des bois de belle tenue qui s’unissent à des cordes idéalement sèches (mesures initiales) et régulières.
Suivent cinq extraits du Knaben Wunderhorn (1888-1901) pour lesquels arrivent sur scène Gabriele Fontana, l’alto Birgit Remmert ainsi que Thomas Johannes Mayer, l’interprète d’Amfortas à la Monnaie. Dans «Verlor’ne Müh’» (1892), ce dernier s’engage avec la soprano dans un numéro relevant de l’opérette, sans doute pour illustrer la fibre comique de ce lied, mais tous deux déploient un chant de haut niveau. Conclusion de la Quatrième Symphonie, «Das himmlische Leben» (1892) nécessite un timbre souriant, pacifié et candide tel celui de Gabriele Fontana. Après un «Das irdische Leben» (1892-1893) dramatisé sans outrance, Birgit Remmert émeut dans «Urlicht» (1893, repris dans la Deuxième Symphonie) tandis que Thomas Johannes Mayer chante avec désespoir «Der Tambourg’sell» (1901), cette autre marche funèbre cruellement fermée par le tambour. Se parant de couleurs tantôt pastorales, tantôt grises, les musiciens personnifient leur voix au mieux pour caractériser ces pages au registre changeant.
Selon le programme de salle, Das klagende Lied (1878-1880) n’aurait jamais été exécuté auparavant en Belgique, aussi cette soirée revêt-elle une importance historique. Le compositeur signe le texte à dix-sept ans et conçoit la musique deux ans plus tard, en proie à des tourments amoureux. L’ouvrage de taille déjà considérable mobilise des moyens conséquents puisqu’à un orchestre fourni s’ajoutent un chœur mixte, pas moins de douze solistes – du moins dans cette production, certains, distribués dans Parsifal, rejoignant les choristes – ainsi que des instrumentistes en coulisse qui suivent la battue du chef au moyen d’une petite caméra. Deux enfants, membres des Petits Chanteurs de la Chorakademie de Dortmund, complètent idéalement la distribution : à l’un des deux revient la responsabilité d’entonner l’ultime «Ach Leide» avant que l’orchestre ne conclue fortissimo par un bref accord. La version retenue est l’originale qui comporte trois parties, le première, «Waldmärchen», ne figurant pas dans celle de 1899 considérée comme définitive. Si l’écriture révèle l’influence de Mendelssohn, Wagner et Liszt, elle traduit déjà l’univers sonore et psychologique de son auteur, en particulier cette alternance entre tragique et trivialité. Hartmut Haenchen souligne avec raison la dimension «opératique» de la partition que Mahler remanie quelque peu dès 1893. Celle-ci comporte en outre de formidables parties chorales dont s’emparent avec engagement et attention les Chœurs de la Monnaie, préparés par Winfried Maczewski, que viennent renforcer les Chœurs de l’Union européenne. L’orchestre rend justice à la poésie ainsi qu’à la richesse des timbres exigée par cette œuvre belle, épique et puissante qu’il est formidable d’entendre enfin au Bozar.
Sébastien Foucart
www.concertonet.com · 20. Februar 2011
Ambiance des grands soirs et foule compacte pour l’un des évènements de la saison de La Monnaie : une création belge d’une œuvre de Mahler ! En effet, la version originale du Klagende Lied n’avait jamais été donnée ! C’est désormais chose faîte sous la battue du grand chef d’orchestre Hartmut Haenchen et avec la complicité des forces de l’opéra fédéral belge, largement étoffée dans les rangs de l’orchestre et des chœurs.
Très conceptuel, le programme de ce long concert mettait en confrontation trois partitions du jeune Mahler. Poème symphonique qui sera ensuite étoffé pour devenir le premier mouvement de la symphonie n°2, Todtenfeier ouvrait cette soirée. Hartmut Haenchen met en avant la solidité de la construction et de la science orchestrale de Mahler, mais il bute sur un orchestre de La Monnaie qui peine à rentrer dans la pièce. Cinq extraits du Knaben Wunderhorn complétaient cette première partie. Haenchen, avec une vision très noire et expressionniste, de ces pièces impose un accompagnement assez tendu. Le trio de chanteur se tire avec plus (Gabriele Fontana) ou moins (Thomas Johannes Mayer trop expressionniste et Birgit Remmert trop réservée) des pièges expressifs de cette musique. L’orchestre fait bonne figure mais manque de raffinement.
On pouvait craindre un Klagende Lied appuyé et volontairement dramatique, mais le chef replace cette pièce aux confluences des inspirations et des modèles d’un jeune compositeur. Sa direction se fait fluide et aérée, même si l’orchestre, n’est pas exempt d’un manque de précision, plutôt chez les cuivres et les vents. L’imposante masse chorale manque d’homogénéité et peine à mesurer son enthousiasme, laissant une impression brouillonne. Quant aux chanteurs, ils font preuve de vaillance, d’endurance et de maîtrise face à un effectif instrumental et choral qui remplit fort généreusement la salle du Palais des Beaux-Arts.
Un concert, sur le papier passionnant, mais qui a certainement buté sur le planning de travail actuel de l’orchestre et du chœur, en pleines représentations de Parsifal de Wagner. Le point de satisfaction résidait dans la programmation du Klagende Lied, très rare au concert car passablement coûteux pour les institutions.
par Pierre-Jean Tribot (18/02/2011)
www.resmusica.com · 18. Februar 2011
"Hartmut Haenchen, qui dirige la production, connaít son Mahler sur le bout des doigts et on lui d'avoir révélé la profonde unité sonore et poétique des trois parties du programme - donné une premiere fois mercredi au Palais des Beaux-Arts."
MDM
La Libre · 18. Februar 2011
"Mooi meegenomen was dat het Muntorkest een beroep kon doen op Hartmut Haenchen. Deze eminente dirigent heeft, waneer het op laatromantisch repertoire aankomt, een voortreffelijke staat van dienst. Hij is van het steeds zeldzamer wordende soort musicus dat, alvorens een partituur in te studeren, een stapel boeken en artikels leest. Of in zijn geval: zelf schrijft. Geen man van spektakel dus. Nu wil zo'n aanpak wel eens leiden tot zeurderige uitvoeringen, maar in Das klagende Lied was daarvan geen sprake. Haenchen dirigeerde deze Harry Potter-achtige parabel over broedermoord alsof het een opera in miniatuur betrof. Dat was slim bekeken. Door in te zetten op drama en sfeer slaagde Haenchen erin spanningsbogen te eggen boven wat in feite een muzikaal lappendeken is." Tom Janssens
de Standaard · 18. Februar 2011