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Diapason, 01. April 2011
Diapason, April 2011, Seite 117
On n’est pas surpris de voir Hartmut Haenchen triompher avec son art sévère et son style mordant de l’épuisante plongée aux enfers qu’est la Symphonie no 6: il s’y est déjà brillamment illustré au disque et, dès qu’il le peut, inscrit l’œuvre à ses concerts, au point d’y faire jeu égal avec Boulez, Herbig, Saraste ou Haitink.
Le Scherzo retrouvant sa juste place (celle d’un second mouvement), l’Andante, pour lequel il renonce à sa baguette, devient alors le centre apaisé de la partition et acquiert une fluidité, une clarté, une nuance sognandosimplement magiques. Lecture fulgurante, où le chef na lâche jamais la bride. Le Scherzo, piquant, est un modèle de style, l’Allegro et le finale de véritables poèmes symphoniques portés par une narration qui fait oublier leur science un rien trop sollicitée habituellement.
Tutti creusés, quatuor suractif, petite harmonie très caractérisée, percussion subtile... Les musiciens de La Monnaie suivent leur chef avec ardeur. Le geste est économe mais élégant, l’œil comptant autant que le bras: filmé pour la première fois au concert, Haenchen est le pur produit d’une école de direction allemande occultée par des décennies de rideau de fer. Puisqu’il s’est lancé avec sa vaillante phalange dans un cycle Mahler, on espère la suite!
Jean-Charles Hoffelé