http://parfumdelivres.niceboard.com, 03. Februar 2011
Le chef d'orchestre
Hartmut Haenchen a dirigé le flux de cette musique organique, protoplasmique et hypnotique, avec une force qui vous cloue au fauteuil avant de vous faire décoller. J'ai toujours trouvé que la musique de Wagner, avec ces segments récurrents (les fameux leitmotive qui ont tant influencé la musique de film notamment) qui s'enchevêtrent, se démultiplient et créent une masse sonore vivante, pulsatile, et constamment en mutation bien qu'incroyablement maîtrisée, m'évoque un océan dont les flux et reflux ensorcelant peuvent enfler jusqu'à l'explosion puis s'apaiser pour revenir à une mer d'huile où un lever de soleil peut raviver un espoir. C'est d'une richesse infinie et toutes les passions humaines s'y retrouvent des plus exaltées aux plus sereines. Nietzsche avait probablement encore tort lorsqu'il reprochait à Wagner de chercher la beauté dans cette apparente démesure hystérique au lieu de la chercher dans le raffinement et le calme. Les deux co-existent et c'est de leur affrontement que nait la beauté irréelle de sa musique.
En tout cas que ce soit dans les derniers segments du 1e et du 3e actes, Haenchen a monté la musique à un niveau de puissance inouï. Je n'ai rien entendu d'équivalent au disque! Et toute sa direction m'a semblé toucher à la perfection. Les sortilèges du château de Klingsor au 2e acte prenaient toute leur dimension envoûtante et vénéneuse. La salle comble était clairement en lévitation et personne n'a quitté son siège malgré la durée.