Opern

www.opera-online.com, 03. Februar 2015
... En fosse, Harmunt Haenchen dirige un Orchestre de la Suisse Romande admirable de précision et de versatilité. On retiendra, pêle-mêle, la sauvagerie des rythmes exotiques qui mettent fin au premier acte, l'éloquence des vents dans l'accompagnement du sublime air « O malheureuse Iphigénie », la véhémence agressive des cordes lors des plaidoyers d'Oreste pour contraindre sa sœur à le tuer en lieu et place de Pylade, ou encore la douceur inattendue des accents de la prêtresse dans son trio avec les deux prisonniers grecs... Haenchen souligne ici l'étonnante nouveauté d'un langage orchestral dont la variété des climats n'a rien à envier à celle d'un Mozart. En écartant toute trace de ce rigorisme marmoréen dans lequel on a voulu, dès le XIXe siècle, enfermer Gluck, le chef allemand rappelle fort opportunément que le génie du compositeur réside d'abord dans son sens inné de la mise en valeur du vers de la tragédie française ; dans une partition comme Iphigénie, le poids des mots est l'égal du pouvoir évocateur de la musique. ...
Emmanuel Andrieu
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