... L’alternance entre les épisodes tendres, mélodieux et les plages sombres et tragiques, comme dans une lutte entre la vie et la mort, est néanmoins bien réalisée par un déploiement somptueux des couleurs orchestrales.
Les deux mouvements centraux sonnent comme un retour sur Terre. Dans le deuxième volet
Im Tempo eines gemächlichen Ländlers ..., la succession des trois danses champêtres mêle le savant et le populaire d’une manière caractéristique du langage mahlérien. L’agitation désordonnée, les motifs tranchants, agressifs, mouvementés du Rondo - Burleske qui suit s’opposent également, comme pour étourdir l’auditeur, aux réflexions profondes que sous-tendent les mouvements extrêmes. Pour ces deux volets animés, le chef choisit également une certaine modération des tempi, comme pour atténuer la vivacité des contrastes que certains interprètes accentuent. La soudaine apparition du thème qui constituera la substance apaisée du final sonne ici comme un avertissement, comme une prophétie, avant la conclusion abrupte de cette section.
Lorsque s’élève enfin, douloureusement, la longue mélodie apaisée qui ouvre le sublime final Adagio,
une sorte de miracle s’accomplit, le ciel s’ouvre à nous. Phrasé avec une émouvante délicatesse par les cordes consolatrices, ce motif donne l’impression de ne pas avoir de fin. Quelques agitations viennent interrompre provisoirement cette méditation qui coule comme un fleuve tranquille. Néanmoins, la conclusion est apaisée, sans révolte. La mort est acceptée comme un repos. La symphonie s’achève sur un quadruple pianissimo. Le son s’évanouit dans le néant sur un accord « flottant », comme inachevé. On ne perçoit pas la fin, comme pour exprimer cette sensation d’éternité.
Un long silence prolonge cet accord, serre les gorges, avant que les applaudissements ne se manifestent enfin, au début comme à regret, puis éclatent en ovations. Tout le déroulement de ce final atteint véritablement l’indicible.
Bravo à tous!
Serge Chauzy
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